Fanfarons

Publié le par lady flo



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Hier soir, je suis allée voir une fanfare dans un café rue sainte Marthe. Pour ceux qui ne connaissent pas Paris, cette rue se trouve dans l’est entre Belleville et Goncourt, quartier plus que cosmopolite.
Difficile d’entrer dans ce lieu. La porte principale double donnant sur un croisement était barrée par un groupe de jeunes à capuches et doudounes que j’ai d’abord pris pour des clients de l’endroit. Avant de m’apercevoir que non : les bouteilles de bière à leurs pieds provenaient d’un pack acheté dans un quelconque supermarché du voisinage. Quant à la porte proprement dite, elle était fermée. Il y en avait une autre sur le côté. Qui était fermée aussi. A travers la vitre quelqu’un m'a vu, a déclenché l'ouverture puis l'huis à claqué dans mon dos.

La fanfare a joué. L’ironie de voir ces  quatorze jeunes architectes versaillais venus se produire dans les quartiers pauvres parisiens ne m’a pas échappée. Mais dois-je dire que j’ai trouvé ça très bien ? Un relent de baba-coolisme sans doute, d’utopisme aussi : l’harmonie.

A la pause, les fumeurs sont sortis s’en griller une. Moi aussi. Le groupe de jeunes n’avait pas bougé. Sorte de noyau dur autour duquel bourdonnaient quelques estafettes. Un couple qui  montait la rue a croisé un de ses membres. J’ai vu dans un éclair un billet s’échanger, la transaction déguisée en poignée de main virile et appuyée. Et puis une voiture de Police est arrivée. Marquant le stop du carrefour un peu trop ostensiblement. Le groupe s’est figé, bien moins fanfaron. Il y eut échanges de regards, silence, sourcils froncés, moues dédaigneuses. A quelques pas les spectateurs tabagiques discutaient en petits comités. Les rires fusaient. Ici c’était le Far West, la fameuse scène de la rue principale : les bandits face aux chasseurs de prime, se toisant, prêts à dégainer.
La voiture est partie puis revenue stationner en retrait pour observer.
J’ai quitté les lieux. Dans les rues animées de ce quartier, il y avait du monde devant tous les coins éclairés. Les fumeurs encore. On se serait cru un samedi soir d’été s’il n’y avait écharpes et bonnets d’où sortaient les volutes. L’ambiance hivernale des rues parisiennes était en train de changer.






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