Pages brûlées
Tout à l’heure dans une ruelle j’ai vu un spectacle qui m’a laissée pensive. Un montagne de livres aux portes d’une cour. Une montagne de livres à moitié brûlés. C’est vrai qu’il y a deux jours le camion des pompiers s’était longuement arrêté dans la rue parallèle, créant ainsi l’animation de l’après-midi pluvieux. Je me suis approchée de ce magma de mots où la pluie délavait l’encre et les cendres. J’ai pensé autodafé, ces livres qui brûlaient sur la place publique pour les empêcher de circuler. J’ai pensé Enfer des bibliothèques : livres achetés sous le manteau, mis à l’index, brûlots ou bouquins qu’on ne lit que d’une main.. J’ai pensé aux mains, justement, qui avaient tenus cette couverture vieillotte aux couleurs passées. J’ai froncé les yeux pour lire les pleins et les déliés d’un registre. J’ai regardé le cadre de cendres sur des pages roussies.
Pour me réconforter au retour j’ai trouvé ça